Dans Louise Violet, Alexandra Lamy incarne une institutrice de la fin du XIXe siècle. Pour des raisons qui seront dévoilées au milieu du film, elle est obligée de quitter Paris et de s'installer à la campagne. Pleine d'illusions, elle est bien décidée à faire cours aux enfants du village puisque l'école est désormais obligatoire, gratuite et laïque. Mais, très vite, elle va devoir faire face à l'hostilité de l'Eglise et des villageois qui ne voient pas d'un très bon oeil l'arrivée de cette jeune femme qui va éloigner les enfants des travaux des champs.
Dans le rôle de cette institutrice combative et déterminée, Alexandra Lamy livre sans doute l'une de ses meilleures performances d'actrice. En octobre dernier, elle était à Nice, à l'occasion du Festival Cinéroman, pour présenter le film en avant-première aux côtés du réalisateur Eric Besnard. Nous les avons rencontrés à l'Hôtel Negresco.
Louise Violet est un personnage que vous avez créé. Pourtant, en voyant le film, on a l'impression que cette femme a existé. Comment est né ce projet ?
Eric Besnard : J'ai fait un film qui s'appelle Délicieux sur la création du premier restaurant, qui relevait d'une réflexion sur le modèle français. Puis, je me suis demandé ce qu'il s'était passé cent ans après 1789. J'ai alors découvert que les premières femmes sorties de l'Ecole normale dataient de 1886. A partir de là, je me suis dit que je tenais un joli personnage : une républicaine qui va dans les campagnes conservatrices. Le point de départ était là et après il n'y avait plus qu'à broder...
Cette institutrice est, dans un premier temps, très mal accueillie. Elle se heurte à l'hostilité des villageois et même du curé. D'autres auraient peut-être renoncé mais elle, elle tient bon....
Alexandra Lamy : Elle a un secret qui lui permet de continuer à vivre. Elle n'a peur de rien et va se battre jusqu'au bout. C'est une femme moderne. Elle est féministe : elle est vue comme la Parisienne, comme une étrangère dans un milieu d'hommes. Elle est face à des parents qui n'ont pas du tout envie de lui laisser leurs enfants parce qu'ils représentent de la main d'oeuvre. Elle a donc un combat à mener jusqu'au bout.
Elle rencontre aussi l'hostilité des femmes, ce qui est plus étonnant....
Alexandra Lamy : Effectivement, parce qu'elle incarne la femme de la ville, il y a forcément de la jalousie. On ne sait pas trop ce qu'elle vient faire dans ce village, en plus elle est seule, sans mari.
Eric Besnard : Non seulement, elle représente une concurrence pour les autres femmes avec un savoir et une modernité qu'elles n'ont pas mais en plus elle vient pour prodiguer un enseignement alternatif à celui des familles. Les femmes peuvent donc voir son arrivée comme une agression. C'est là tout le coeur du film. Ca a été un moment incroyable pour les familles de déléguer leur autorité à un tiers. Aujourd'hui, ça semble un acquis mais cela n'a pas toujours été le cas.
Le film se passe au XIXe siècle, dans un milieu rural. Il fallait être crédible et réaliste. Comment vous-y êtes vous pris ?
Alexandra Lamy : C'est la force d'Eric. Il a réussi à écrire des dialogues qui auraient pu être dits à l'époque et aussi qu'on peut comprendre aujourd'hui. C'est très agréable pour nous, acteurs. On peut s'amuser dans les dialogues.
Le film aborde plusieurs thèmes, pas seulement l'école...
Eric Besnard : Au début, quand j'ai écrit le film, je travaillais sur l'école et sur l'identité française, puis j'ai découvert qu'il était compris comme féministe et, maintenant, c'est un film sur la République. Très clairement, en raison de l'actualité, il est ressenti comme un film sur la République. Mais, pour moi, il est les trois. J'adore l'idée des héros ordinaires. Il y en a plein qui ont changé l'Histoire mais dont on n'a pas gardé les noms.
Louise Violet fait partie de ces professeurs que l'on n'oublie pas. Y-a-t-il un(e) enseignant(e) qui vous a marquée ?
Alexandra Lamy : J'ai eu un prof de français absolument génial. Il donnait des cours de théâtre. C'est grâce à lui que j'en suis là aujourd'hui. Il m'a encouragée à faire du théâtre, à aller au Conservatoire. J'ai gardé contact avec lui. Je pense qu'on a tous un prof qui nous a marqués.
Louise Violet d'Eric Besnard avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Jérôme Kircher...
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