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Laurence Ray

Interview de la comédienne Hinda Abdelaoui à l'affiche de la pièce "Gisèle Halimi, une farouche liberté"

Dernière mise à jour : il y a 9 heures

La pièce Gisèle Halimi, une farouche liberté  mise en scène par Lena Paugaum, était l'un des temps forts de la saison 2023-2024 du Théâtre National de Nice. Sur scène, Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette incarnaient la célèbre avocate à différentes périodes de sa vie. Deux voix, deux comédiennes pour raconter la vie de celle qui s'est battue contre les injustices pendant toute sa vie. La pièce est tirée du livre de la journaliste Annick Cojean, publié en 2020, peu après son décès. Au cours de plusieurs entretiens, Gisèle Halimi s'est livrée à la journaliste qui était également son amie et lui a raconté ses combats, d'abord en Tunisie mais surtout en France où elle a défendu la cause des femmes au cours de procès qui ont marqué l'Histoire.


La pièce est de retour dans les Alpes-Maritimes, dans le cadre de la 6e édition du Festival Trajectoires. Ce sera le 22 janvier au Forum Jacques Prévert de Carros, avec une nouvelle distribution. Ce sont désormais Marie-Christine Barrault et Hinda Abdelaoui qui interprètent Gisèle Halimi. Nous avons demandé à la jeune comédienne qui a récemment brillé dans Les Paravents de Jean Genet, de nous parler de la pièce et de ce rôle dont elle s'est emparé avec passion.


Hinda Abdelaoui et Marie-Christine Barrault Gisèle Halimi, une farouche liberté
Hinda Abdelaoui et Marie-Christine Barrault

Vous êtes sur scène avec Marie-Christine Barrault et vous interprétez toutes les deux Gisèle Halimi...


Hinda Abdelaoui : On est toutes les deux une voix avec deux bouches. Ce sont deux versions de Gisèle Halimi. On l'incarne à tous les âges. On raconte la vie de Gisèle Halimi ensemble. Je pense que le spectacle ne serait pas le même s'il s'agissait d'un solo. Là, ce qui est beau, c'est qu'on est deux femmes différentes, de générations différentes, venant de milieux différents mais il y a quelque chose qui nous rassemble. On est très heureuses d'être ensemble sur scène. On est tout le temps portées par le regard de l'autre. On partage et on porte ensemble Gisèle. Je pense que l'idée de deux femmes pour porter sa voix aurait plu à Gisèle Halimi. Il y a quelque chose de l'ordre de la transmission.


Connaissiez-vous Marie-Christine Barrault ?


Hinda Abdelaoui : Je ne la connaissais pas. J'avais entendu parler de son oncle, Jean-Louis Barrault. J'ai joué « Les Paravents » à l'Odéon qui était son théâtre. Ce qui est amusant, c'est qu'elle venue voir la pièce quand je la jouais et qu'elle était aussi présente dans la salle en 1966 lors de sa création. J'y ai vu comme un lien. Au début, quand on a commencé les répétitions, j'étais tellement happée que j'oubliais de parler. Elle a une présence exceptionnelle ! Avec la pièce, je l'ai découverte autrement, et de façon plus simple.


Aviez-vous vu la pièce avec la première distribution ?


Hinda Abdelaoui : J'ai fait des lectures avec Marie-Christine Barrault et j'ai été choisie avant de voir la pièce. Je l'ai vue un peu plus tard, alors que les répétitions avaient commencé. Je tenais à la voir une fois que j'avais bien entamé le travail et que j'avais commencé à tisser mon propre lien avec Gisèle Halimi. De cette façon, je n'étais pas perturbée.


Vous êtes une jeune femme. Que saviez-vous de Gisèle Halimi ?


Hinda Abdelaoui : Je connaissais son nom et je l'avais vue sur des images. Je savais que c'était une avocate qui avait oeuvré pour le droit des femmes, avec l'avortement, la lutte contre le viol. J'avais entendu parler du procès de Bobigny. Je ne connaissais pas son engagement pour les luttes en faveur de l'indépendance en Tunisie et en Algérie.


Vous avez avez dit précédemment que vous avez voulu tisser votre propre lien avec Gisèle Halimi. Comment s'est déroulé votre travail de préparation ?


Hinda Abdelaoui : La pièce est adaptée du livre d'entretiens d'Annick Cojean mais elle se fonde aussi sur des interviews radio, télé, des extraits de ses propres livres. C'est une sorte de collection de textes provenant de différentes sources. Dans la pièce, elle construit sa pensée, elle se trompe puis se reprend. L'objectif n'est pas d'imiter Gisèle Halimi mais de faire entendre ses mots et par conséquent ce qui l'anime. Lena Paugam voulait qu'on essaye de dire ses mots comme si c'étaient les nôtres, en trouvant ce qui faisait écho dans nos vies, pour retrouver l'énergie et la fougue qu'avait Gisèle Halimi.


Toute sa vie, elle a lutté contre les injustices. Rappeler son combat sur scène touche forcément tous les publics, toutes générations confondues...


Hinda Abdelaoui : Je pense que ce qui touche le public qui voit la pièce, c'est de sentir que quelqu'un est animé par quelque chose et agit. Ca fait du bien et c'est inspirant. Dans le public, il y a toutes les générations. Elles sont toutes réceptives, pour différentes raisons. On sent les vibrations du public. C'est fort à vivre. Lors d'une dernière représentation, un monsieur est venu nous voir et nous a remercié en nous disant : « en voyant cette pièce, je me suis rappelé que c'était ma vie ». Aujourd'hui on vit le procès de Mazan et les personnes de la génération de ce monsieur avaient suivi le procès de Bobigny et celui d'Aix et ont vu évoluer le droit lié à l'avortement. Il était très ému. Gisèle Halimi avait un rapport à l'engagement et au combat qui était tellement lumineux ! On lui doit beaucoup.


En l'interprétant sur scène, vous connaissez mieux Gisèle Halimi et tous ses combats. Est-ce que la pièce, d'une certaine façon, vous a changée ?


Hinda Abdelaoui : La rencontre avec Gisèle Halimi et sa façon d'aborder la vie m'ont fait beaucoup de bien. Elle est inspirante : si on regarde sa vie et la manière dont elle aborde les choses, on se dit que tout est possible. On se doit de se battre. Je me dis qu'il suffit d'une poignée de gens bien intentionnés avec la bonne énergie pour faire des merveilles ! La « rencontrer » a soulagé quelque chose en moi. Il faut trouver une manière de se battre qui soit joyeuse et durable. Dans le spectacle, elle dit que le combat est une dynamique. Si on s'arrête, on dégringole.


Après la tournée, la pièce sera jouée à La Scala à Paris puis au Festival d'Avignon en juillet.


Bande annonce du spectacle Gisèle Halimi, une farouche liberté

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