En 2022, Isabella Rossellini avait inauguré la salle des Franciscains dans le Vieux Nice avec « Le sourire de Darwin », mis en scène par Muriel Mayette-Holtz. Seule sur scène, la comédienne avait enchanté le public avec ce spectacle drôle et touchant qui réunit ses deux passions : le cinéma et le comportement des animaux. Après une tournée un peu partout dans le monde, elle est de retour dans les Alpes-Maritimes, d'abord au théâtre Anthéa d'Antibes puis au Forum Jacques Prévert de Carros, le 14 novembre. Que ceux qui ont raté « Le sourire de Darwin » à Nice il y a deux ans se précipitent pour réserver leurs places ! Il s'agit bien plus que d'un spectacle : un peu comme le ferait un passionnant professeur, Isabella Rossellini, diplômée en éthologie, s'adresse au public et lui livre des anecdotes, souvent drôles, sur les animaux, dont le comportement n'est pas si éloigné de celui des humains. Pour étayer son propos, elle évoque des souvenirs de tournages pour le cinéma ou de séances de travail lorsqu'elle était mannequin.
Avant les représentations d'Antibes et de Carros, Isabella Rossellini nous a parlé du « Sourire de Darwin ». Elle est aussi revenue sur sa présence au Festival de Cannes en 2015, lorsqu'elle présidait le jury d'Un Certain Regard et que sa mère, Ingrid Bergman, était sur l'affiche officielle de cette 68e édition. Interviewer par téléphone une si grande actrice peut être intimidant. Il suffit pourtant de quelques secondes pour être rassuré. Isabella Rossellini est telle que nous l'avons vue sur scène : accessible, souriante et passionnante.
« Le sourire de Darwin » est mis en scène par Muriel Mayette-Holtz. Comment est née cette collaboration ?
Isabella Rossellini : J'adore travailler avec Muriel. Elle m'a beaucoup aidée à trouver ma voie comme auteur. On est amies depuis longtemps. Elle m'avait déjà un peu aidée avec mes monologues. Avec Le sourire de Darwin, elle n'a pas seulement fait la mise en scène, elle m'a offert de venir à Nice pendant un mois pour le répéter.
Comment est né ce projet ?
Isabella Rossellini : Le point de départ, c'est un livre de Darwin qui s'appelle A propos des expressions des émotions chez les hommes et les animaux. Il se pose des questions très simples : pourquoi certaines expressions sont comprises partout dans le monde comme trembler de peur ou sourire ? Pourquoi certains gestes sont compris seulement dans certains pays et sont donc acquis par la culture ? Pourquoi d'autres sont innés ? Même si on est nés aveugles, on sourit par exemple. Les acteurs travaillent beaucoup sur les expressions des émotions. D'ailleurs Darwin a travaillé avec des acteurs pour chercher à comprendre la science derrière les expressions des émotions. Le spectacle parle de tout cela mais aussi de mon expérience en tant qu'actrice.
Le spectacle est souvent très drôle. Vous donnez des anecdotes, vous vous déguisez, imitez des animaux...
Isabella Rossellini : Le spectacle est comique mais je parle de choses sérieuses. Il s'appuie sur des références scientifiques, sur des recherches approfondies. Le sujet est sérieux mais il est abordé de manière drôle. C'est le but du théâtre de faire passer une bonne soirée au public. En Amérique, on emploie le mot « entertainment » !
Le sourire de Darwin est le troisième spectacle que vous avez écrit. C'est celui dans lequel vous parlez le plus de votre expérience en tant que mannequin ou en tant qu'actrice. Pourquoi ?
Isabella Rossellini : C'est grâce à Muriel ! Le monologue est parti d'une conférence que j'avais faite au Musée d'Orsay à Paris. On m'avait demandé de parler de Darwin de façon un peu drôle. Muriel était là et elle a eu l'idée de faire de cette conférence un nouveau spectacle. Elle m'a beaucoup aidée à faire des parallèles entre les animaux et mon métier.
Vous êtes venue à plusieurs reprises sur la Côte d'Azur. En 2015, vous étiez au Festival de Cannes en tant que présidente du jury Un Certain Regard. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Isabella Rossellini : C'était une expérience inoubliable! En plus, ma mère était sur l'affiche. C'était merveilleux ! Quand on est à Cannes pour présenter un film, on passe ses journaux à donner des interviews mais on n'a pas le temps de voir d'autres films. En étant dans le jury, j'ai pu rencontrer des metteurs en scène du monde entier. Quand on habite aux Etats-Unis, on ne voit pas beaucoup de films étrangers. A Cannes, cette année-là, j'ai découvert la réalisatrice libanaise Nadine Labaki qui était dans le jury Un Certain Regard. Je pense beaucoup à elle en ce moment. Elle est l'une des réalisatrices que je préfère au monde.
En décembre, vous serez en Suisse à Lucerne à l'occasion des European Film Awards. Vous allez recevoir un prix pour votre contribution unique au cinéma...
Isabella Rossellini : J'ai été surprise quand on me l'a dit. C'est un grand honneur !
Dans les prochains mois, vous serez à l'affiche du film Conclave...
Isabella Rossellini : Dans ce film, je joue une sœur. Il vient de sortir aux Etats-Unis et il a eu de très bonnes critiques. Il va sortir à la fin de l'année en Europe. Je vais assurer sa promotion et après je rentrerai chez moi, pour m'occuper de ma ferme !
Teaser du spectacle par le TNN
Parlez-nous de votre ferme...
Isabella Rossellini : Je suis née avec l'amour des animaux. J'ai grandi à Rome et, quand j'étais enfant, on allait à la campagne, dans des fermes, plutôt que d'aller acheter dans les supermarchés. J'étais un peu nostalgique de ça. Ma ferme se situe à une centaine de kilomètres de New York. Au départ, je l'ai faite pour moi puis elle a eu un impact énorme sur la communauté. On a plein de visiteurs. Je ne m'y attendais pas. C'est pour cette raison que je ne veux plus qu'elle m'appartienne seulement à moi. Je suis en train de réfléchir à son avenir, pour qu'elle puisse survivre quand je ne serai plus actrice.
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